mardi 30 juin 2009

Manger sans OGM : mission impossible ?

Dans le déluge de marques, de compositions, de transformations, de filières et de systèmes de traçabilité, comment le pékin moyen comme moi peut-il réussir à manger autre chose que des aliments à base d'OGM dont personne ne sait si elles sont ou non nocives pour notre santé ? Dit comme cela, ça a l'air impossible. Mais en fait c'est surtout une question d'organisation et de bon sens.

Qu'est-ce que je mange ? Pas ce que je mange tous les jours mais plutôt dans quelle catégorie de mangeur peut-on me classer ? Omnivore ? Pas vraiment ! Je ne mange pas d'insectes (ou très peu), pas de reptiles, pas vers, etc. En y réfléchissant, je ne mange pas tant de choses que ça. Et la plupart des choses que je mange sont rangées dans la plupart des rayons de supermarchés ou bien aux étales de marchés. On prend assez vite conscience que notre régime alimentaire est limité. Il est circonscrit dans le périmètre définit par l'industrie agro-alimentaire. Et comme son nom l'indique, elle s'articule sur l'agriculture (les produits de la terre) et sur l'industrie (la production de masse). Donc par déduction, la majeure partie de ma nourriture est faite à base de produits agricoles. Et quand je mange de la viande, la bête a été nourrie de produits de la terre elle aussi.

Alors qu'est-ce que je mange ? Essentiellement, des céréales. Il y en a partout. Dans le pain bien sûr, mais aussi dans les gâteaux, dans les pâtes, dans les aliments des animaux que je mange. Ensuite, du lait. Ça aussi, il y en a partout. Ensuite de la viande, surtout en France. Bœuf, poulet, canard, agneau, cochon, mouton, lapin, etc. qui eux-mêmes ont essentiellement mangé des céréales et du lait (pour les mammifères). Quand vous êtes soucieux de votre santé, vous mangez aussi des légumes, ce qui introduit une grande variété dans l'alimentation et pas seulement un complément comme le pensent beaucoup. Et puis il y a les fruits et les agrumes qui étendent d'autant la variété. Mais la plupart des enquêtes de consommation confirment que ces deux dernières catégories, de par leur prix et leur place minoritaire au sein de la grande distribution, sont largement minoritaire dans l'assiette et surtout ils sont confondus avec d'autres aliments. Combien de gens pensent que les pommes de terres et le riz sont des "légumes“ ? Plus qu'on ne le croit.

Dans cette petite liste grossière, j'ai omis certains éléments qui, sans être majoritaires dans l'alimentation, restent des éléments clés de l'industrie agro-alimentaire. Il s’agit de toutes les sortes de graisses et matières grasses qui servent de liant, d’épaississant, et d’agent de texture, de saveur, de tenue, de poids, etc. Ces matières grasses proviennent de plusieurs sources : le lait et les céréales bien sûr mais aussi d’oléagineux notoires comme l’olive, de fruits secs, et, moins savoureux, des graisses animales que nous consommons. Ces dernières sont idéales pour lier les sauces mais aussi pour épaissir le yaourt…

Alors, où sont les OGM dans tout ça ? Et bien tout simplement dans les céréales. Car elles forment la base de la majorité de toutes les nourritures directement ou indirectement. Les laboratoires spécialisés dans la production d’OGM ont également travaillé et commercialisé des légumes, des féculents et d’autres produits en manipulant leur ADN mais ces produits n’entrent pas dans la catégorie industrielle de masse. Ils représentent des produits régionaux, de niche, sur des segments plus limités que les céréales. Les produits au top de la recherche sont le blé, le maïs, le soja, le colza, le riz… Et qui mange ces produits ? L’humanité toute entière et tous les animaux domestiques qui gravitent autour d’elle. Voilà pourquoi ce sont sur ces produits que ce concentrent les grands groupes de semenciers et de fabricants de pesticides.

Alors comment ne pas manger d’OGM ? Il faut pour cela s’assurer que le produit que l’on achète ne contient le moins possible de produits céréaliers et/ou dérivés de céréales. De même, il faut s’assurer que la nourriture des bêtes que nous allons consommer ne contenait pas de céréales modifiées génétiquement. Quels sont les outils à notre disposition ? D’abord et surtout le bon sens. Ensuite l’étiquetage des produits, les labels certifiés et enfin la promesse des vendeurs.

Le bon sens : c’est au producteur et au vendeur de garantir qu’il n’y a pas d’OGM. Il n’y a pas de présomption d’innocence en la matière. Si ce n’est pas écrit, il faut partir du principe qu’il y en a, mais au dessous du seuil attribué par les instances européennes, soit moins de 0,9% du produit. Ce qui veut dire qu’il y en a quand même. Greenpeace et d’autres ONG proposent des guides gratuits à disposition sur leurs sites ou bien dans leurs antennes locales. Et comme, les études sur les OGM sont contradictoires et penchent en faveur soit des fournisseurs, soit des détracteurs, la seule certitude en la matière c’est que nous mangeons tous des OGM mais dans des quantités minimes (soit par contamination, soit par ajout inférieur à 0,9%).

L’étiquetage des produits : c’est pas gagné. Comme je viens de le dire, il n’y a pas d’obligation légale en Europe de mention si le taux d’OGM est inférieur à 0,9%, mais il faut savoir que les produits étrangers n’ont pas d’obligation du tout. On devrait les étiqueter à l’entrée dans l’espace européen, mais la gestion en flux tendu fait que le temps pour certaines associations de consommateurs de porter plainte, le stock a déjà disparu. Donc, il faut se méfier comme de la peste des produits alimentaires d’importation venant de pays où la réglementation n’impose pas de mentionner la présence d’OGM. Autant dire qu’il faut faire du protectionnisme au niveau de la consommation et de l’achat, puisque les distributeurs ne jouent pas franc jeu. L’étiquetage n’est là que pour éventuellement vous renseigner sur la nature et la composition des produits. Il faut avoir de solides connaissances en chimie et une excellente mémoire pour être capable de distinguer un émulsifiant d’un conservateur et de savoir reconnaître celui qui est nocif de celui qui ne l’est pas. L’étiquetage ne vous servira pas à grand chose sinon à reconnaître un label d’un autre.

Les labels certifiés : ils sont de loin, la meilleure information que vous puissiez avoir sur un produit. C’est simple, le label AB certifie l’exclusion des OGM. La plupart des labels Bio garantissent une production en dehors de la filière OGM. Mais attention, des labels prestigieux comme Label Rouge ou Appellation d’Origine Contrôlée n’interdisent pas la filière OGM dans leur cahier des charges (source : Greenpeace). Donc n’espérez pas que AOC vous protège des OGM ou que vos poulets Label Rouge soient nourris avec du maïs non transgénique pour leur donner leur jolie couleur jaune.

Enfin, il y a les promesses des enseignes de distribution : les promesses n’engageant que ceux qui les croient, il vaut mieux se montrer extrêmement prudents. Toutes les enseignes ont des marques qui leur appartiennent et quasiment aucune ne garantit que ses produits soient fabriqués en dehors de la filière OGM. Donc, il convient de mettre un bémol aux promesses de certaines vedettes culinaires lorsqu’elles font la promo des enseignes discount alors qu’aucune d’elles ne donnent de garanties formelles ou tout simplement refusent de se soumettre aux questionnaires d’ONG ou d’institutions chargées de la consommation…

Voilà, en somme et en bref, la mission impossible qui consiste à ne pas mettre d’OGM dans son estomac. Il ne me reste plus qu’à cultiver des patates et des légumes dans un jardin ouvrier ou une petite parcelle locale ou encore dans mon propre jardin. D’y faire pousser des salades, des concombres et des tomates. D’avoir une demi-douzaine de poules pour les œufs et pour une poule au pot en hiver, et quelques lapins et pourquoi pas une vache pendant qu’on y est. Il faudra que j’aille chez Biocoop (enfin de la pub) pour mes céréales, mes légumes secs et mes féculents. Pour la viande ce sera plus difficile et il me faudra m’associer à une trentaine de personnes dans la région pour monter une association et demander à un éleveur bio local de nous abattre un bœuf tous les deux ou trois mois, et pourquoi pas une dizaine d’agneaux… Si j’ai le temps, j’adhère à une AMAP histoire de manger des légumes inhabituels mais sains.

En revanche, si je vis à la ville ou si je pointe au RMI, je suis mal… Il y a de grandes chances que je finisse par ne bouffer que des pissenlits… Par la racine et avant mon heure.

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vendredi 26 juin 2009

Une situation iranienne bien compliquée...

En l'absence de communication réelle avec les iraniens sur place, il est devenu difficile de savoir ce qui se passe là-bas. Et il est évident que l'on ne peut compter sur les médias occidentaux complètement gagnés à la cause du capitalisme néo-libéral.
Ce qui est certain, et cela tous les analystes un peu sérieux le disent, c'est qu'il ne s'agit pas d'une révolution populaire comme nous l'entendons. Le peuple ne se soulève pas contre l'oppression. Il n'est pas uni derrière un leader charismatique et humaniste. Il ne rejette pas la tyrannie.
Je ne vais pas me lancer ici dans un long billet sur l'Iran. Mais en considérant la situation actuelle en Iran, voici quelques clés qui me viennent d'une observation purement bouddhique de l'événement. Par bouddhique, j'entend une vision  qui considère les faits à la lumière du principe de causalité bouddhique, de l'action des gens (karma), de la force d'inertie (obscurité fondamentale) et de l'effet pervers des intérêts personnels et collectifs (les trois poisons) purement égoïstes.
L'Iran est, depuis le renversement du Shah en 1979, un Etat religieux, c'est-à-dire qu'il présente une forme de gouvernement où la religion traditionnelle locale dispose de toutes les prérogatives et des pouvoirs normalement dévolus aux institutions politiques représentatives. C'est un facteur clé qui passe souvent au second plan et que tout le monde oublie tant on a l'habitude de la séparation plus ou moins évidente de l'Eglise et de l'Etat en Occident. En Iran, il n'y a pas de séparation entre l'Eglise et l'Etat. L'Eglise est l'Etat.
En ayant à l'esprit cette condition, il faut également prendre conscience (s'éveiller quoi !) que l'Iran est l'une des toutes première puissances pétrolières et qu'elle ne subit pas comme ce fut le cas pendant longtemps d'isolement économique et financier. Cette marge de manœuvre a été obtenue après une guerre terrible et inutile que tout le monde semble avoir oublié, le conflit Irano-Irakien de 1980 à 1987. Depuis la signature d'une paix fragile en 1990, l'Iran dispose d'une réelle présence régionale et d'une capacité économique mondiale. Cela a été accentué par sa neutralité pendant la première Guerre d'Irak en 1991.
L'Iran n'est donc pas une sorte de pays du tiers-monde, une république bananière sans foi ni loi, livrée à des arriérés sortis tout droit d'un film d'action américain. Mais revenons à nos moutons...
En dépit d'un régime théocratique (dominé par l'Eglise), le peuple iranien est très éduqué (beaucoup plus que nombre de ses voisins directs) et les composantes du gouvernement ne sont pas toutes d'accord sur les moyens et les objectifs du régime gouvernemental. Ces tensions et divergences ne s'expriment pas seulement sur des interprétations de la Charî'a (Loi musulmane), du Coran (corpus de référence théologique) ou des Hadîth (les enseignements oraux du Prophète). Elles portent également sur des principes politiques et sociaux liés à l'éthique, à la citoyenneté, aux représentations de la modernité orientale, etc. Toutefois, tous ces courants s'inscrivent dans la tradition musulmane, c'est-à-dire dans une représentation du monde séparé en deux camps : nous, les fidèles, et les autres.
Dernier point important à avoir à l'esprit en considérant l'hypothèse d'un soulèvement populaire : les événements de 1999. Déjà à cette époque, la société iranienne a été secouée par des remous populaires. Après coup, on a pu mesurer et constater qu'il s'agissait déjà d'une lutte de factions à la fois politiques et religieuses au sein des différentes tendances du pays. A l'issu de ces remous et d'une répression identique à celle que nous apercevons aujourd'hui, la tendance dure et nationaliste de l'Ayatollah Ramenei (flanqué d'un Gardien de la Révolution, M. Ahmadinejad) l'emportait sur des tendances plus libérales (mais tout aussi religieuses et parfois même intégristes) de la classe politique iranienne. Ces tendances se sont fédérées autour de figures politiques qui ont poursuivi un combat essentiellement politique en essayant de gagner à leur cause des religieux influents plus enclins à une réforme de la république islamique vers des modèles plus libéraux comme le modèle turc, l'ancien modèle irakien (et oui !) ou certains modèles du Maghreb (c'est-à-dire occidentaux) comme l'Algérie ou l'Egypte.

En ayant à l'esprit ce panorama rapide et quelque peu schématique, on peut se rendre compte de plusieurs choses :
— Ce qui se déroule n'est pas une révolution populaire, mais bien une contestation politique menée par plusieurs tendances concurrentes à celle qui conserve le pouvoir.
— Un soulèvement populaire n'est possible qu'avec l'aide des religieux, des militaires (et oui, ils sont toujours là eux), ou des chefs politiques les plus forts.
— Les puissances étrangères (U.S. en tête) cherchent depuis longtemps à déstabiliser le pays et à renverser l'actuel régime religieux. Mais englués dans un Afghanistan incontrôlable, pris au piège dans un Irak atomisé et paralysés par des tensions en Afrique orientale, en Corée du Nord et par une crise économique sans précédent qu'ils ont eux-mêmes laissé arrivée, les Etats-unis, comme l'Europe complice, sont dans l'incapacité d'intervenir dans un pays encerclé de montagnes et peuplé de gens qui détestent culturellement le modèle occidental (infligé par le Shah pendant plus de trente ans).

Il est évident que ce qui se joue en Iran fait partie d'un processus d'assouplissement de la doctrine de gouvernement islamique. Mais cela se fait lentement et selon des règles qui nous échappent à nous occidentaux. Le problème est que notre propre situation est difficile pour ne pas dire critique et que le fantasme d'une révolution populaire nous plaît beaucoup. Nous y voyons une sorte d'exutoire de notre propre incapacité, pour ne pas dire impuissance, à transformer nos économies capitalistes cannibales. Nous appelons de nos vœux une révolution populaire ailleurs, dans une contrée imaginaire, mythologique, qui nous donnerait l'illusion de pouvoir, nous aussi, renverser les tyrans et les profiteurs qui nous vampirisent.

Si nous cessons de projeter nos propres fantasmes sur la situation iranienne dont nous ne connaissons finalement que peu de choses et que nous comparons à d'autres événements historiques qui n'ont rien à voir (Tian'anmen, Révolution orange, etc.), nous pouvons observer les rouages et les complexités d'un processus politique et social. Nous voyons émerger un modèle démocratique qui doit faire face aux intérêts particuliers et collectifs de ceux qui détiennent les clés du pouvoir. Nous pouvons en tirer des leçons ou bien continuer de rêver à des chimères révolutionnaires dont le romancier Kirghiz, Chinghiz Aitmatov disait : « Je conseillerais vivement aux jeunes de ne pas trop compter sur une révolution sociale. La révolution est violence et émeutes, folie collective. C’est une violence collective qui apporte d’énormes souffrances à la société toute entière, à un peuple ou à une nation… Je les encouragerais à chercher un moyen de changer les choses sans effusion de sang, de réformer la société à la lumière de la raison. ». (cit. Propositions pour la paix, 26 Janvier 2009, D. Ikeda).

J'espère que ce billet aura éclairé certaines parties de l'actualité Iranienne. Je ne peux aller plus loin, n'étant pas iranien, n'ayant pas d'amis iraniens sur place, et étant tributaire, comme les occidentaux, de la propagande capitaliste pour m'informer sur la question.

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jeudi 25 juin 2009

Des idées... Des mots... Des actes...

Telle devrait être la devise des habitants de cette partie du monde moderne. Pourtant force est de constater que les idées nouvelles sont rares, que les discours innovants sont noyés dans la masse et que les actes sont pour le moins invisibles (sauf à faire comme Ed TV et se tourner en permanence tout en diffusant en continu sur une chaîne Youtube, Dailymotion, Viméo et consorts...). Comment sort-on de ce cercle vicieux ? C'est la question à méditer cette nuit, si toutefois j'arrive à trouver le sommeil.

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dimanche 12 avril 2009

Envers et contre tous

ou comment les groupes média tentent d'écraser leurs concurrents et... leurs clients !

Depuis des semaines, les chaînes d'information sont encombrées par les rebondissements de la loi HADOPI, mais aussi par les attaques diverses de grands groupes média et de leurs lobbyistes contre la flexibilité et la versatilité de la distribution de contenu sur Internet. Quand les cibles ne sont pas les « pirates », désignés comme seuls responsables de l'effondrement des ventes de CD et de DVD de ces cinq dernières années, ce sont les grands moteurs de recherche, notamment Google, qui sont accusés de monopoliser et de contrôler l'information, coupables sans procès de la désintégration de la presse traditionnelle.
Si l'on prête l'oreille à cet incessant discours catastrophiste mené de front sur tous les canaux disponibles (TV, radio, presse, édition, web) qu'entend-on comme solutions à ce que l'on pourrait appeler la crise des médias. Limiter, réprimer, contrôler, taxer, interdire, tels sont les maîtres mots de la propagande contre l'Internet. Ce dernier serait un Far West numérique sans foi ni loi où toutes les aventures à la limite de la légalité seraient légitimes, où tous les coups sont permis et surtout où le public serait mené par le bout du nez par de maléfiques acteurs d'une économie invisible et incontrôlable.
Le flot des arguments et leur omniprésence dans l'espace public est tel qu'il est difficile de résister au courant et ne pas prendre parti pour ou contre des positions radicales, à la fois conservatrices et répressives. Résister illégalement ou obéir pour le bien de tous semble être la devise en vigueur. Mais quelque chose manque dans le panorama, quelque chose dont cette avalanche de menaces et de prédictions funestes ne dit absolument rien.
Qui est l'ennemi et à qui profite(rait) un contrôle accru de l'Internet ? Qui sont donc ces horribles pirates ? Qui sont ces méchants aventuriers du Web ? Quelle est donc cette économie parallèle et occulte qui plombe notre économie si saine et si florissante...?
Les récentes enquêtes du CREDOC, de l'INSEE et de certains instituts de sondage dressent une carte assez précise de qui est connecté, et donc potentiellement de qui télécharge. La population étudiante et les cadres forment l'essentiel des foyers connectés (CREDOC, 2007) et en moyenne un peu moins de 60% des français sont connectés à Internet. Ainsi ce sont à la fois des générations jeunes et des générations aisées qui bénéficient le plus de l'Internet et du flot de contenu qu'il propose. Toutefois, la population des cadres en France est largement minoritaire par rapport aux étudiants et aux autres catégories socio-professionnelles concernées par un abonnement à Internet. Nous sommes donc face à une population panachée, mais plutôt en dessous du seuil des revenus médians français (INSEE, 2008) qui choisit de manière stratégique d'être abonnée à Internet plutôt que de l'être à un quotidien, ou bien à un ou plusieurs magazines, ou encore à des bouquets additionnels de chaînes TV.
Pas encore parvenus à des seuils de salaires suffisants pour octroyer un budget conséquent sur le volet culture et divertissement, mais disposant d'une culture technique leur permettant de maîtriser aisément l'outil informatique et la navigation sur le web, les générations en devenir, à la lisière du monde de l'emploi ou faisant leurs premières armes dans ce dernier, sont la cible privilégiée des lois de régulation et de limitation de l'Internet. De là à dire que les cibles sont les jeunes, il n'y a qu'un pas. Mais ils ne sont pas les seuls. Ceux qui n'ont pas les moyens, pour reprendre une expression consacrée, sont aussi à mettre au banc des accusés.
Le prix des produits culturels, que ce soient des livres, des films, des concerts, des spectacles ou bien de la musique demeurent à des seuils trop élevés pour une majorité de la population qui doit en priorité subvenir aux coûts d'un logement, de l'habillement, de la nourriture et de l'équipement courant bien avant de considérer les dépenses culturelles ou de divertissement. Le tout s'inscrit dans un contexte difficile de précarité de l'emploi (qui ne date pas d'hier) et de politique de baisse des salaires pour les entrants dans le marché du travail.
Sans hésitation, on peut dire que les dispositifs de restriction imaginés et poussés par de nombreux lobbies médiatiques visent essentiellement et de manière absurde les générations de ceux qui n'ont pas encore (ou peu de chance d'avoir) les moyens de s'offrir les équipements et les produits de loisir. Cette politique commerciale coercitive est d'autant plus stupide qu'elle ne fait que creuser davantage le déficit de vente de ces mêmes groupes média.
Cette politique, relayée par les représentants institutionnels de la nation, se fait au bénéfice d'une vision autoritaire de la société dans laquelle les jeunes comme les pauvres ont une place de plus en plus restreinte, de plus en plus surveillée, de plus en plus dominée par les générations précédentes très anxieuses de conserver, jusqu'à leur terme, les avantages acquis, quitte à en déposséder les générations suivantes.
Tout le monde doit payer, même si ça ne vous plaît pas, la marchandise qu'une poignée décide de mettre sur le marché. Poignée qui ne voit pas d'un très bon œil que des francs-tireurs, des sociétés indépendantes, des acteurs hors du sérail, et que des auteurs et interprètes indépendants et autonomes se servent d'un média ouvert et en relation directe avec le public pour faire leur business sans avoir à plier devant les systèmes de distribution des majors en place.
Cette multiplication du choix aurait dû avoir une influence positive sur le marché et inciter les majors à suivre l'exemple en transformant leurs offres. Mais plutôt que d'imiter des iTunes, des Amiestreet ou d'autres, les majors ont décidé de faire une guerre sans pitié à l'ouverture de l'Internet pour le réduire, comme les autres médias, à un simple canal de distribution sous contrôle et réservé aux seules corporations transnationales fortement financiarisées.
Il s'agit en l'occurrence d'une guerre contre la concurrence. Pas de licences globales qui ouvriraient une brèche déterminante dans laquelle pourraient s'engouffrer des concurrents de petites tailles, aux objectifs ciblés et capables d'exploiter des niches très rentables sur un segment de dimension réduite. Pas question de laisser non plus des artistes, des créateurs et des producteurs s'échapper dans la nature et positionner des produits en dehors des circuits classiques de la distribution de masse. Enfin il semble inacceptable de dépendre des choix et des goûts des internautes — des clients — qui multiplient les filtres et les affinités selon leurs choix et non selon une stratégie marketing unilatérale qui va du Business au Consommateur.
La relation toute neuve et en plein développement de Consumer 2 Business est antagoniste avec les lois et les principes de fonctionnement des grandes majors. En bonnes directrices de conscience, elles savaient ce qui était bon pour nous et profitable pour elles. Aujourd'hui, les relations du Web 2.0, les systèmes d'enchères publiques, les forums de discussion, les mécanismes d'échanges et de propagation de l'information, les achats extrêmement ciblés et la liberté de navigation des clients sont totalement contraires aux stratégies de marques, aux concurrences concertées et aux connivences corporatistes des majors et des capitaux qui les soutiennent.
Ce que nous voyons émerger en ce moment est une propagande sévère contre plusieurs formes de libertés sociales. La première est la liberté commerciale de consommer et d'acheter ce que l'on veut. La deuxième est la liberté de faire jouer la concurrence sur un même segment de marché et de réduire radicalement les coûts périphériques à la production qui font souvent gonfler la note de manière vertigineuse. La troisième est la liberté de ne pas consommer passivement et de commencer à faire entendre ses désirs et ses affinités personnelles pour obtenir un produit plus singulier qui ne sera pas nécessairement vendable à son voisin.
Les grands groupes média — les majors — déploient des efforts considérables pour tuer une concurrence qui rivalise d'ingéniosité permettant à nombre croissant d'utilisateurs, ex-consommateurs, de bénéficier de produits culturels à la fois divers et nombreux. Ils déploient encore plus d'efforts pour mettre au pas leurs clients qui préfèrent dépenser leur argent, difficilement gagné par les temps qui courent, pour soutenir des petites entreprises innovantes et meilleur marché.
La propagande est martelée quotidiennement et les moyens mis en œuvre sont considérables. Pourtant cette incapacité à transformer les mentalités et les modèles économiques ne fait qu'apparaître tous les jours davantage la faiblesse des majors. Et ce ne sont ni les bricolages juridiques ni les campagnes de communication fallacieuses qui vont occulter les volontés hégémoniques de ceux qui se considéraient encore hier comme les acteur incontournables du marché.
Les majors parviendront-elles à gagner leur guerre contre leurs concurrents et leurs clients ? La réponse et le prix à payer est connu d'avance. Tout au long du 20e siècle, les grands groupes du divertissement ont tenté sous des formes différentes de réduire en esclavage auteurs, producteurs et créateurs. Il semble que cette volonté soit encore forte et qu'il faudra mener encore de nombreuses batailles pour briser la volonté autoritaire de monopole de quelques uns sur le reste du monde. Les tenants de la vieille société de consommation « à la papa » ne survivront pas. Mais ils resteront en place tant que nous, les tenants d'un monde nouveau, nous ne nous serons éveillés que leur survie dépend tout simplement de notre acte d'achat.

dimanche 2 novembre 2008

Le culte du héros

Le héros... Figure emblématique de la culture classique grecque et mésopotamienne, le héros est aujourd'hui encore l'axe de toutes les communications, le point de focalisation de toutes les attentions, la colonne vertébrale des médias, le pilier idéologique de la mythologie contemporaine. Ce culte du héros est incarné, en ce moment même, par les coups de projecteurs sur une figure lointaine, sans intérêt pour nos problématiques internes et surtout sans influence directe sur nos existences. L'objet de cette attention particulière sur toutes les chaînes, sur toutes les fréquences et dans toutes les colonnes, c'est l'élection présidentielle américaine. Et comme tout spectacle, elle a eu lieu mercredi, jour des sorties cinéma.
En vedette, l'inattendu et déjà élevé sur l'autel des héros planétaires, Barack Obama, nouveau président des Etats-unis d'Amérique. Que ne sait-on pas de ce héros ? Des détails de son parcours ? De sa jeunesse ? De sa famille ? De ses ambitions et de ses espoirs ? Où que l'on pose les yeux ou que l'on dresse l'oreille, Obama est partout, omniprésent. Son éclat, son charisme, son image, ses mots et ses saluts à la foule monopolisent les écrans, les unes, les ondes, rendant tout autre message inaudible, secondaire, décevant.
Avec l'apothéose de cette élection américaine, nous atteignons un sommet dans la démocratie du spectacle et de la sensation. L'ensemble des problèmes présents et immédiats qui se dressent sur la route des français disparaît derrière l'« événement » américain. Comme si de cette échéance électorale outre-atlantique dépendait l'avenir de la France et plus généralement du monde. Ce messianisme, caractéristique des Etats-unis, alimenté par les médias et l'industrie hollywoodienne, continue de faire vivre la mythologie du héros, du sauveur au cœur d'une tourmente mondiale. Demain, le héros prendra les commandes de la première et apparemment seule puissance mondiale pour mener les peuples vers un avenir meilleur.
Ce culte du héros éclipse l'incapacité de cette même puissance mondiale à résoudre ses problèmes internes (Katrina, subprimes, krach financier) comme les crises qu'elle a déclenchées à l'extérieur de ses frontières (Irak, Afghanistan, Soudan, Balkans). Ce culte du héros stigmatise les acteurs de l'ancienne administration comme anti-héros, portant seuls la culpabilité de l'état général du monde et des destructions physiques et morales qui ont découlés de leurs décisions. Les électeurs sont dédouanés de leur responsabilité personnelle, de leur choix et on peut se demander comment Georges W. Bush a pu être réélu pour un deuxième mandat en 2004. Mais oublions cela. Le monde acclame ce nouveau héros, symbole des aspirations contradictoires du peuple planétaire, noir et blanc, beau et intelligent, modeste et humain, seulement intéressé par le bien et le bonheur de tous les êtres.
La capacité romanesque, que les anglo-saxons libellent « story-telling », des américains et plus généralement des occidentaux est extraordinaire. Elle se surpasse et permet, d'un seul geste de la main du héros et de quelques mots empruntés à d'authentiques héros d'un autre âge, d'occulter le pillage auquel se livre l'actuelle administration Bush, les atrocités perpétrées en Afrique, la récession générale de l'économie mondiale, la faillite des états et la montée du totalitarisme sous des formes plus ou moins discrètes partout dans le monde. La voix chaude et le discours franc, Barack Obama est souvent comparé à John F. Kennedy, autre sauveur de l'humanité qui doit à sa tragique disparition l'essentiel de sa gloire. Mais faut-il le rappeler, JFK était un homme de discours brillants et d'actions décevantes : la baie des cochons, la crise des missiles, le renforcement de la CIA et des services d'espionnage... Finalement, il restera l'homme des voyages sur la Lune et de l'abolition de la ségrégation et pas celui de la Guerre froide et des scandales conjugaux. Souhaitons à Barack Obama ne pas reproduire la trajectoire de son infortuné prédécesseur.
Barack Obama n'est pas JFK, ni Martin Luther King, ni même le rêve de Martin Luther King. Du moins pas encore. Et ce ne sont pas les quatre prochaines années qui changeront radicalement la condition de la grande majorité des noirs américains aux Etats-unis, ni celle des minorités hispanophones souvent originaires de l'immigration clandestine, ou encore de la cohorte d'ouvriers et de paysans américains écrasés par le rouleau compresseur de la mondialisation, puis atomisés par les dérives de la bulle financière. Quatre ans, c'est à peine ce qu'il faudra pour calmer les feux qui font rage en Irak et en Afghanistan et revenir à une situation de cessation des combats. Une issue pacifique réaliste n'est envisageable que dans un éventuel deuxième mandat. Obama fait face à un monde dans une situation de crise sans précédent. Kennedy devait faire face à des scénarios certes terrifiants mais imaginaires. Aujourd'hui, les changements climatiques, l'épuisement des ressources, les inégalités mondiales, les conflits multiples et l'implosion de l'économie capitaliste sont des situations bien réelles auxquelles de simples discours ne suffiront pas.
Non, Obama n'est pas au bout de ses peines. Et bien qu'il était impensable de voir un noir monter sur le trône de la première puissance mondiale, l'événement n'est pas une révolution. Le ras-le-bol général, l'insatisfaction populaire et la colère ont toujours été de bons ferments pour les revirements politiques. George W. Bush en a lui aussi bénéficier à la fin de l'administration Clinton. D'autre part, la structure même du gouvernement américain et des états américains ne laisse qu'une très faible marge de manœuvre réelle au président des Etats-unis. Dans sa mission de réforme des institutions et de renaissance de l'Amérique comme l'éternelle super-puissance, Obama devra combattre les républicains, les médias, les marchands de canons et le monde de la finance qui tous résistent du mieux possible à la remise en question de leurs statuts, de leurs pouvoirs, de leur richesse. Comme Kennedy en son temps, et c'est là le point commun, Barack Obama n'est pas un enfant de la balle. Il fait partie de l'élite, des nantis et des princes de ce monde. Et ce ne sont pas ses courtes expériences auprès de couches défavorisées de la population noire américaine qui lui octroie un quelconque titre de prince des pauvres et des opprimés.
Les quatre prochaines années devront être consacrées à produire les premiers efforts d'une authentique révolution culturelle américaine. Et les quatre suivantes à chercher des successeurs pour continuer cette révolution et la mener à son terme à l'horizon des quatre ou cinq prochaines générations. C'est une épreuve de force qui se pense dans le temps et au delà des échéances électorales. C'est aussi une reconstruction d'un esprit pionnier qui a façonner l'Amérique mais qui a aboutit à la crise actuelle. C'est ce défi que doit relever Barack Obama.
Le bouddhisme enseigne le principe des Huit vents, ou les huit situations qui troublent la perception de la réalité. Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, Obama fera face aux quatre vents de la fortune, des honneurs, des louanges et du plaisir, mais aussi à ceux de la misère, de la disgrâce, de la critique et de la souffrance. Ces huit situations, induites par le milieu de tout individu, reposent sur la méconnaissance que nous avons des mécanismes d'interactions entre l'individu et son environnement. Nous avons tous tendance à raisonner en termes d'espoirs et de déceptions de ces mêmes espoirs. Nos espoirs sont la manifestation consciente de nos désirs et les déceptions proviennent de la frustration que nous ressentons de voir que nos désirs ne se réalisent pas. Plus simplement, cette polarité espoirs-déceptions provient de notre incapacité à prendre en main notre vie et à en être responsables.
Si Obama ne parvient pas à s'extraire de la dualité qui emprisonne les masses : espoirs-déceptions, il continuera d'alimenter une machine infernale qui est la cause de toutes les catastrophes auxquelles nous sommes confrontés : violence, rapacité, bêtise humaine. Les discours électoraux sont porteurs d'espoirs, de rêves, de désirs. Leur concrétisation est souvent bien en de ça de l'imaginaire que nous y avons investit. Il faudra donc à Barack Obama, dès les premiers mois de son mandat, transformer ces espoirs en projets. Il pourra ainsi sortir de la polarité espoirs-déceptions pour entrer dans une nouvelle dynamique de projets-réalisations. Cette démarche réaliste, qui demande une grande participation populaire et une adhésion volontaire et responsable est ce que le Mahatma Gandhi avait réussit à établir en Inde au siècle dernier. C'est aussi ce que Martin Luther King avait initié dans les traces du Mahatma. C'est là que réside la clé de la réussite du nouveau président des Etats-unis.
Pour l'heure l'élection américaine occupe le devant de la scène. Le héros brille dans la foule. L'ennemi de ce nouveau héros n'est pas l'opposition, ni les difficultés qu'il va affronter. Son ennemi est ce que le cinéaste américain John Ford évoque au travers de l'un de ses personnages dans L'Homme qui tua Liberty Valence en déclarant : « Quand le mythe dépasse la réalité, on publie le mythe. »

vendredi 24 octobre 2008

L'illumination de Jean-Louis Borloo

Première conséquence du bouclage du Grenelle de l'environnement, fabricants et distributeurs d'ampoules à incandescence se sont engagés à remplacer ces dernières par des ampoules basse tension entre 2009 et 2012.
Cette initiative faisait partie des décisions du Grenelle de l'environnement à plus d'un titre. Les ampoules à incandescence, dont la technologie a très peu évolué en 50 ans, consomment jusqu'à cinq fois plus d'électricité que les ampoules fluocompactes et ont une durée de vie huit fois inférieure. Les conséquences à moyen et long terme sont un coût plus élevé de la consommation d'énergie, du prix des ampoules (finalement, on en achète plus), et une plus grande pollution due aux emballages plastiques qui accompagnent les ampoules actuelles.
Il était temps de changer de mode d'illumination et de permettre à la bonne vieille ampoule d'Edison, inventée il y a 127 ans, d'entrer au musée ! Car selon le Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire de Jean-Louis Borloo, cette transition vers l'ampoule basse-tension permettra l'économie de 8 térawatts-heure d'électricité... Pour se faire une idée, cela représente la consommation électrique de Paris et proche banlieue pendant deux ans. Cela donne aussi l'ampleur du gaspillage auquel nous nous sommes tous livrés pendant les trente dernières années.
L'illumination de Jean-Louis Borloo, sur ce dossier, a dépassé le cadre de la transition entre lampe à incandescence et lampe fluocompacte. Le même jour, jeudi 23 octobre, il a réuni l'ensemble des acteurs de l'emballage (entreprises de l'agro-alimentaire, de distribution et de recyclage des déchets plastiques) pour leur faire signer une convention de réduction des déchets plastiques dû au sur-emballage. Car en dépit de son envie d'une planète moins polluée, le consommateur français continue d'avoir une nette préférence pour les produits sur-emballés qui finissent par peser lourd dans son sac poubelle et par conséquent sur l'environnement. Qualifiant cette convention « d'antidote contre la schizophrénie » (Métro, 24/10/08), Jean-Louis Borloo s'est dit satisfait d'ouvrir « trois axes de progrès principaux : le renforcement de la prévention, l’optimisation de la collecte sélective pour accroître le taux de recyclage jusqu’à 75% à fin 2012 (on est à 62% aujourd’hui) et l’amélioration de l’information des consommateurs » (Métro, 24/10/08). De son côté, Nathalie Kosciusko-Morizet enfonçait le clou en déclarant : « Avec 360 kg de déchets/an/habitant en France, nous sommes 100 kg au-dessus des Japonais: il n'y a aucune raison » (L'Express, 24/10/08)
Toutes les décisions ayant des conséquences diverses, il faut maintenant s'attaquer aux revers de ces initiatives. Quels emballages et comment les concevoir de manière écologique sans un coût excessif pour le consommateur ? Voilà la grande question qui reste en suspens pour le remplacement des emballages plastiques polluants.
En ce qui concerne les ampoules fluocompactes, le problème risque bien de s'avérer plus complexe et surtout plus épineux. Plusieurs instituts de recherche ont fait la démonstration que l'émission de radiations des ampoules basses tension sont très supérieures aux ampoules à incandescence. Assez supérieure pour que l'on recommande sérieusement de ne pas les utiliser comme lampe de chevet ou de bureau. Le bombardement UV est également un inconvénient puisque la plupart de ces ampoules ne disposent pas de filtres de protection comme la plupart des néons classiques. Enfin, la présence de 6 à 10 grammes de mercure dans les composés du gaz des ampoules fluocompactes en font un déchet extrêmement toxique une fois l'ampoule usagée... Les répercussions de ce choix se portent non seulement directement sur l'environnement mais aussi sur la santé publique.
Ces mesures forment un premier pas déterminant dans la lutte pour la réduction des gaspillages et de la pollution mais elles doivent se poursuivre par une politique à moyen terme de réduction de nouveaux risques pour la population. Si le ministre du développement durable entrevoit enfin la lumière, il n'est pas encore au bout du tunnel.

mercredi 22 octobre 2008

Des étoiles au pays du curry

Aujourd'hui, l'Inde, berceau du bouddhisme et patrie du curry, a parfaitement lancé sa première fusée d'exploration de la Lune. A trois heures moins dix (heure de Paris), la fusée PSLV s'est arrachée à la gravité terrestre pour aller rejoindre l'orbite lunaire à 380 000 kilomètres d'ici. A son bord, elle emportait l'engin sonde Chandrayaan-1 destiné à effectuer des études topographiques, des recherches et des expériences orbitales ainsi qu'un sondage au sol pour essayer d'y trouver de l'eau, certaines substances chimiques et certains minéraux.
Cette mission spatiale inhabitée est à la fois une opération symbolique démontrant le statut de super-puissance de l'Inde et une authentique mission à visées commerciales et scientifiques qui sera suivie par au moins 60 vols spatiaux d'ici 2013, aussi bien vers la Lune, que dans l'orbite terrestre et vers Mars. Après la mission lunaire japonaise de fin 2007 et l'annonce chinoise de la construction et de la satellisation d'une station spatiale asiatique, la mission indienne s'inscrit dans une volonté de l'Orient de faire la démonstration qu'il n'a plus réellement besoin de l'Occident.
Finies les visions exotiques et fantaisistes de l'Inde arriérée du tiers monde. Une sonde, dernier cri de la technologie, aux couleurs indiennes, tournera autour de la Lune et au-dessus de nos têtes dès le 8 novembre 2008, pendant deux ans. Le ciel, autrefois domaine des dieux, puis royaume de Dieu, est maintenant l'espace des hommes. Et il se pourrait bien que dans un proche avenir ce ne soit pas un américain ou un anglais au teint bien blanc et aux manières occidentales qui soient aux commandes de l'Enterprise de Star Trek.
Le Japon, la Chine et l'Inde se lancent à la conquête de la Lune et en feront probablement leurs bases de lancement d'un vaste programme spatial vers Mars et vers les planètes les plus proches de la Terre. Les yeux et les esprits tournés depuis des siècles vers le ciel, sans aucune crainte de défier une hypothétique puissance divine assise sur un trône derrière les nuages, les asiatiques ne considèrent pas la Terre comme la dernière frontière. Leurs ambitions, leur détermination et leur nombre en font des candidats de choix pour réussir là où l'Occident a échoué : aller là où nul homme n'est jamais allé pour y découvrir ce qu'il nous reste vraiment à découvrir : l'infini.