vendredi 24 octobre 2008

L'illumination de Jean-Louis Borloo

Première conséquence du bouclage du Grenelle de l'environnement, fabricants et distributeurs d'ampoules à incandescence se sont engagés à remplacer ces dernières par des ampoules basse tension entre 2009 et 2012.
Cette initiative faisait partie des décisions du Grenelle de l'environnement à plus d'un titre. Les ampoules à incandescence, dont la technologie a très peu évolué en 50 ans, consomment jusqu'à cinq fois plus d'électricité que les ampoules fluocompactes et ont une durée de vie huit fois inférieure. Les conséquences à moyen et long terme sont un coût plus élevé de la consommation d'énergie, du prix des ampoules (finalement, on en achète plus), et une plus grande pollution due aux emballages plastiques qui accompagnent les ampoules actuelles.
Il était temps de changer de mode d'illumination et de permettre à la bonne vieille ampoule d'Edison, inventée il y a 127 ans, d'entrer au musée ! Car selon le Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire de Jean-Louis Borloo, cette transition vers l'ampoule basse-tension permettra l'économie de 8 térawatts-heure d'électricité... Pour se faire une idée, cela représente la consommation électrique de Paris et proche banlieue pendant deux ans. Cela donne aussi l'ampleur du gaspillage auquel nous nous sommes tous livrés pendant les trente dernières années.
L'illumination de Jean-Louis Borloo, sur ce dossier, a dépassé le cadre de la transition entre lampe à incandescence et lampe fluocompacte. Le même jour, jeudi 23 octobre, il a réuni l'ensemble des acteurs de l'emballage (entreprises de l'agro-alimentaire, de distribution et de recyclage des déchets plastiques) pour leur faire signer une convention de réduction des déchets plastiques dû au sur-emballage. Car en dépit de son envie d'une planète moins polluée, le consommateur français continue d'avoir une nette préférence pour les produits sur-emballés qui finissent par peser lourd dans son sac poubelle et par conséquent sur l'environnement. Qualifiant cette convention « d'antidote contre la schizophrénie » (Métro, 24/10/08), Jean-Louis Borloo s'est dit satisfait d'ouvrir « trois axes de progrès principaux : le renforcement de la prévention, l’optimisation de la collecte sélective pour accroître le taux de recyclage jusqu’à 75% à fin 2012 (on est à 62% aujourd’hui) et l’amélioration de l’information des consommateurs » (Métro, 24/10/08). De son côté, Nathalie Kosciusko-Morizet enfonçait le clou en déclarant : « Avec 360 kg de déchets/an/habitant en France, nous sommes 100 kg au-dessus des Japonais: il n'y a aucune raison » (L'Express, 24/10/08)
Toutes les décisions ayant des conséquences diverses, il faut maintenant s'attaquer aux revers de ces initiatives. Quels emballages et comment les concevoir de manière écologique sans un coût excessif pour le consommateur ? Voilà la grande question qui reste en suspens pour le remplacement des emballages plastiques polluants.
En ce qui concerne les ampoules fluocompactes, le problème risque bien de s'avérer plus complexe et surtout plus épineux. Plusieurs instituts de recherche ont fait la démonstration que l'émission de radiations des ampoules basses tension sont très supérieures aux ampoules à incandescence. Assez supérieure pour que l'on recommande sérieusement de ne pas les utiliser comme lampe de chevet ou de bureau. Le bombardement UV est également un inconvénient puisque la plupart de ces ampoules ne disposent pas de filtres de protection comme la plupart des néons classiques. Enfin, la présence de 6 à 10 grammes de mercure dans les composés du gaz des ampoules fluocompactes en font un déchet extrêmement toxique une fois l'ampoule usagée... Les répercussions de ce choix se portent non seulement directement sur l'environnement mais aussi sur la santé publique.
Ces mesures forment un premier pas déterminant dans la lutte pour la réduction des gaspillages et de la pollution mais elles doivent se poursuivre par une politique à moyen terme de réduction de nouveaux risques pour la population. Si le ministre du développement durable entrevoit enfin la lumière, il n'est pas encore au bout du tunnel.

1 commentaire:

Le blog de Marius a dit…

J'zuis vraiment pas zune lumière en répondant si tardivement à cet article. M'enfin!
Mon commentaire sera bref. Tant mieux. De mémoire, je peux me tromper mais il était prévu initialement que l'arrêt de la fabrication des ampoules à incandescence devait être effective dès début 2008. Ce qui, de toute évidence, ne fut pas le cas. Il semblerait que l'ensemble des industriels n'avaient guère envie d'arrêter l'ensemble de leurs chaînes de production, d'investir dans de nouveaux équipements et de mettre à la casse tous leurs stocks. Cela peut se comprendre aussi. N'ayant pas tous les éléments pour juger objectivement je me limiterai à cette remarque sur ce point. Juste pour rajouter que, maintenant, l'échéance s'étale sur quatre années. Ce qui n'est pas rien.
Pour ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain, je me félicite tout de même de cette avancée.
Cependant, je constate autour de moi que malgré tout, peu de personnes ont opté pour le changement d'ampoules à basses consommation. C'est d'autant plus étonnant que cette action n'est pas uniquement "écologique" dans le sens : "je participe au bien être de ma planète" ou autre slogan mais que cela se répercute d'une manière significative sur les factures d'électricité. Un des paradoxes humains je suppose.
Sur la question du sur-emballage je suis complètement d'accord. Parfois, avant d'accéder au produit acheté je dois m'acharner, ciseaux ou cutter à l'appui, sur ces multiples et désagréables emballages.
Les rares industriels n'usant pas de tels procédés sont les laboratoires pharmaceutiques. Peut-être pas pour tous leurs produits. Mais, n'avez-vous jamais constaté lorsque vous achetez vos aspirines, vos paracétamol, vos somnifères, vos anti-inflammatoires, vos antidépresseurs... la liste est longue que là, l'emballage est brut, sec. Il est vrai que là, il y a urgence lorsque l'on a entre ses mains ce type de boîte. Les laboratoires sont aussi, en règle générale, très fort pour les notices accompagnant les médicaments. La norme semblerait opté pour la typo en corps 6 pour les plus courageux. C'est bien connu, il n'y a que des jeunes avec une vue excellente pour être malade. Et quant aux plus âgés... cela leur permet d'avoir une occupation qui meuble le temps qui passe. Aller chercher la loupe. Mais... où est-elle déjà? Etc.
Par contre, là où les labos m'étonnent c'est que sur un certain nombre de médicaments les emballages sont deux, trois ou quatre fois plus gros que les médicaments qu'ils contiennent! Serait-ce pour nous donner l'impression d'en avoir pour notre argent ou pour nous montrer que ce médicament est un "gros" donc efficace médicament? Car même pour la mise en carton ou en palette, c'est une perte de volume stupide et inutile. Quant au stockage dans les pharmacies, n'en parlons pas. Mais là, je m'éloigne... j'occupe moi aussi un volume inutile et quelque peu stupide.
Imaginez qu'un jour la recherche scientifique découvre une bactérie ou autre, capable de digérer le plastique. Quelle bouffée d'air cela serait pour notre bonne vieille Gaya!
La recherche a donc un intérêt primordial dans ces défis récents. Que ce soit dans le domaine des emballages, des ampoules basses consommation à améliorer de façon significative ou, par exemple, de pouvoir utiliser des radiateurs électriques qui consommeraient cinq fois moins en chauffant autant! En attendant nous pouvons toujours opter pour des matériaux qui nous permettent de moins gaspiller l'énergie que l'on paie toujours plus cher.
N'étant pas une lumière moi-même, je vais peut-être commencer déjà par m'inscrire dans des stages de bricolages écologiques, manuels afin de devenir peu à peu un être... brillant!
Marius